Alors que tu essaies de faire ton colibri…

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Un article de Cath, pour essayer de retrouver du sens… en ces jours malmenés pour une équipe encore soudée.

Un jour tu te réveilles et tu te dis que ça ne peut plus durer… Tu ne peux pas juste attendre que la vie passe et faire comme tout le monde. Un peu à l’image de cette vidéo qui m’a fait pleurer l’autre jour:

A l’image d’un monde que tu aimerais différent pour tes enfants, pour la planète, pour l’humanité.

Les hommes de demain, ce sont eux. Est-ce qu’on ne peut pas faire mieux pour leur quotidien ? Est-ce qu’une proposition alternative n’aurait pas sa place ? Insoutenable de se laisser couler sur le flot sans chercher à redresser un peu la barque… C’est devenu pour moi une évidence : il fallait que je permette à mes enfants de vivre autre chose, et de rester eux même.

Quand j’ai décidé de me lancer dans l’aventure, je n’ai pas réfléchi à l’impact que cela aurait sur moi, à l’investissement que cela me prendrait. Je n’ai pas eu le choix : plus j’y pensais, plus c’était limpide: il fallait le faire, il fallait ouvrir cette école démocratique, afin d’avoir cet espace des possibles pour les enfants que cela intéresserait, pour ces enfants qui l’attendaient. Alors j’ai fait la seule chose que je sais faire : suivre mon enthousiasme, écouter cette passion autour de l’éducation, et je me suis plongée entièrement dans la marée du projet.

Quand on se lance bénévolement dans une association, on a du mal à estimer en amont toute l’énergie qui sera dépensée. On aura rigolé d’excitation en s’apercevant que notre rêve était partagé avec autant de monde rencontré par exemple dans nos réunions publiques : à plusieurs, le changement existera vraiment un jour ! On aura pleuré de stress devant des administrations si fermées, si méfiantes, si désarçonnantes.

Quand j’imagine aujourd’hui le débarquement de 10 administratifs, tout ceux qui ne daignent même pas nous répondre au téléphone depuis des mois, pour avoir leur avis sur le projet… Quand j’imagine le stress vécu par les “chanceux” qui étaient de passage aujourd’hui sur place, en voyant débarquer un gendarme armé, la préfecture, deux personnes du SDIS (Qui répétaient pourtant qu’ils ne se déplaçaient pas pour des ERP type 5 ? ben ils se déplacent pour l’accueil de 6 collégiens au RDC d’une habitation voyez-vous !), la DDT, la mairesse et l’adjointe à l’éducation, l’inspection du travail, l’éducation nationale… Je suis en colère de n’avoir pas pu me joindre aux festivités, ne pas avoir pu soutenir mes collègues, mes amis ! Je suis en colère que l’administration française méprise autant ses citoyens en ne daignant répondre à leurs courriers depuis plus d’un mois. Je suis bouleversée en pensant qu’on a mis tellement de coeur à la création d’un environnement bienveillant, à un cadre démocratique, à un projet pour une éducation en transition, et que certains nous stigmatisent au point d’ignorer nos courriels, et cherchant à mettre à défaut de la sorte un projet pourtant bien sécurisé ! La mairie nous a quand même dit qu’elle ne nous considérait pas comme une association buissarde !

Parfois je me demande si nous sommes bien en France en 2017. Ou alors sous quel régime ?

Bien sûr qu’il faut une administration qui s’efforce de vérifier que la loi n’est pas transgressée. Bien entendu qu’il faut des gens pour vérifier que les projets ne sont pas dangereux pour les citoyens, qu’il n’y a pas de dérive sectaire,

Mais de quelle manière et sous quel ton ? Sommes-nous présumés coupables ?

Parfois je me dis qu’il serait plus facile de tout laisser tomber... d’arrêter de me battre pour convaincre ceux qui doutent… d’arrêter de lutter pour présenter un projet rigoureusement et honnêtement. Je me dis que la communication non-violente ne fonctionne pas si l’autre ne veut pas écouter. Je me dis qu’il serait plus facile de ne pas avoir découvert les apprentissages autonomes, l’éducation démocratique… Je pourrais retrouver mon train train d’avant.

Avant d’être maman.

Et je me retourne vers eux, mes enfants qui sont là.

Alors le courage me revient, l’énergie se rassemble et les idées me submergent à nouveau. Et je ressens le soutien des autres bénévoles de l’équipe qui ne comptent pas leurs heures ni leur travail. Et je me nourris de ce nectar d’utopiste que je suis en me disant que non, ce n’est pas possible que le monde reste comme ca ! C’est à nous de le changer !

Et je me retrouve à partir non pas à la guerre mais en campagne de communication, convaincue plus que jamais que ce projet est admirable et qu’il verra le jour, pour l’humanité de demain, pour les enfants d’aujourd’hui.