Aujourd’hui

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Un peu d’actualité

Il y a 3 mois j’ai annoncé aux membres actifs prendre le projet de raconter dans un article ce qui se passait pour nous, afin que tout le monde sache, afin de partager aussi notre version. Le plus dur est de trouver la force de reprendre la plume lorsqu’on se demande “à quoi bon ?” Ça m’aura donc pris 3 mois pour retoucher la flamme de cette énergie revendicatrice qui m’a poussée pendant 5 ans à faire connaître les apprentissages autonomes et soutenir la création de cette école.

Il était une fois

Notre histoire, vous la connaissez…

Des parents cherchant un autre modèle, plus respectueux de l’enfant que les injonctions journalières vécues dans le système classique où l’individualité de chaque enfant est réduite à poussière devant la réalité : des classes de 25 enfants avec 1 seul adulte et des programmes à suivre dans les temps impartis. 

Et une rencontre avec ce qui deviendra une évidence pour nous :

l’enfant naît naturellement curieux et il le restera tant que l’environnement le soutiendra.

La réalité

Et puis il y a la réalité française : des institutions qui gardent un contrôle et une emprise sur des choix pédagogiques et une liberté éducative très limitée. C’est en tout cas ce que nous avons vécu lors de chaque inspection : un manque de dialogue et de disponibilité pour se comprendre, un jugement hâtif et déjà établi sur nos pratiques, notre pédagogie écartée par des croyances supérieures et toutes puissantes. Il ne s’agit pas seulement de malentendus, mais aussi de pratiques intrusives comme les interrogatoire aux enfants, des rapports déformés, à charge et avec des erreurs en notre défaveurs, du silence radio lorsque nous demandons une médiation…

C’est ainsi que nous avons été mis en demeure de contraindre tous les enfants à suivre des cours par tranche d’âge en laissant des productions écrites suffisamment conséquentes dans tous les domaines du socle, balayant ainsi ce qui était réalisé à l’Atelier des Possibles chaque jour, et laissant sur le bas-côté le fait que nous avons permis aux enfants d’apprendre, différemment, dans la transversalité et la mixité des savoirs. Pour les inspecteurs, il ne suffit pas de vérifier que chaque enfant a bien acquis une notion, il faut qu’il ait conscience de chaque étape, et qu’il laisse suffisamment de trace écrite pour cela. Les apprentissages inconscients, ou informels c’est bien, mais les apprentissages formalisés doivent prendre une part suffisante dans le quotidien. Autant dire que le modèle Sudbury n’a pas de place pour l’instant en France, et les apprentissages auto-dirigés n’ont pas de valeurs à leurs yeux, en tout cas aucun dialogue constructif n’a pu être établi pour continuer à confronter les croyances des uns et des autres dans l’intérêt de l’enfant. 

Notre vérité

Sous la contrainte d’injonctions faites aux familles de scolariser ailleurs leurs enfants, nous avons argumenté dans un dossier de 70 pages comment nous organisions les apprentissages et suivions individuellement chacun de nos 30 élèves. Nous avons expliqué comment nous procédions pour évaluer où chaque élève en est dans l’apprentissage du socle commun de compétence et de connaissance, et quels seraient ses besoins en termes d’accompagnements pour continuer son apprentissage de la meilleure façon. Est-ce que les enseignants dans l’Education Nationale sont remis en question concernant leur compétence à évaluer leurs élèves comme nous l’avons été dans notre école ? Nous avons joint près de 400 pages d’annexes de traces écrites. Des traces qui ont à peine été étudiées par les  inspecteurs, lors des différentes inspections, plus soucieux de nous démontrer un défaut de correction que d’observer tout ce que font les enfants qui ont le choix de leurs apprentissages… 

Un été bien studieux pour les quelques uns qui se sont armés à cette dernière revendication en collectant toutes ces informations, souhaitant défendre dans un dernier espoir ce que la loi autorise, notre liberté pédagogique bafouée à de nombreuses reprises dans les rapports d’inspection, et montrer comment nous avons respecté la loi.

C’est au juge des référés que nous avons présenté tout cela début septembre, afin qu’il lève les injonctions de scolarisation que nos élèves avaient reçues en juin, afin qu’il empêche l’Education Nationale de tuer cette école si précieuse pour nos familles.

justice

Monsieur le juge

Monsieur le juge n’a pas souhaité statuer sur le fond ! Il a botté en touche comme on dit, derrière un vice de forme, indiquant que le rectorat a exercé ce qu’il appelle dans le jargon juridique sa “compétence liée” ! Monsieur le juge ! Pourquoi nous avoir dit que notre cas était intéressant, nous faire attendre plusieurs jours votre jugement, pour statuer un vice de forme ? 

Nous avons donc fait appel en cassation… Pour qu’un nouveau juge statue si le vice de forme est réel ou non, et oblige alors le juge des référés à statuer ENFIN sur le fond, sur nos arguments, et défendre les droits des écoles hors contrat qui ont le choix des outils pédagogiques pour mener à bien leur mission ! Une attente si longue… Au premier trimestre 2022 nous a-t-on dit.

Et la suite ?

25k euros ces procédures !

Une rentrée à 20 élèves à peine…

Et une équipe qui se décompose…

Comment renouveler une équipe sans assurance que juridiquement nous pourrons rester ouvert toute l’année ? Comment communiquer pour recruter personnels ou enfants si l’école est malmenée de la sorte ?

L’association a décidé en octobre de suspendre l’accueil de ses élèves pour cette année, puis de quitter les locaux fin décembre 2021 par faute de moyens financiers dans cette attente juridique.

Peut-être trouverons nous la force de nous ré-engager sur un projet pour septembre 2022 ? Certains y croient, et vont tenter. L’avenir nous le dira.

Nous restons en attendant fermement attentif aux suites juridiques de cette atteinte de l’Education Nationale envers la diversité éducative en France.

Catherine, pour les membres actifs de l’Atelier des Possibles