Voici une liste de questions classiques que l’on a pu nous poser lors de réunions publiques par exemple.

Ce modèle n’est-il pas utopique ? N’est-ce pas risqué de faire partie des pionniers ?

Ce genre d’école est peu connue mais n’a rien de nouveau. Dans le monde occidental moderne, les Ecoles démocratiques existent au moins depuis les années 20 (depuis Summerhill, toujours ouverte) et comptent plusieurs centaines d’exemples aujourd’hui.  Le mouvement des écoles Sudbury, fondé en 1969 par Daniel Greenberg, connaît un succès international grandissant, avec >40 écoles dans le monde.

En Europe, on compte une quarantaine d’écoles démocratiques, dont une qui a ouvert à Dijon en mai 2014: l’Ecole de la Croisée des Chemins.  En France, Bernard Collot a développé et théorisé une approche très similaire à Sudbury depuis les années 60 : école du 3ème type. Il en existe une à Paris 12ème depuis 2010: la Maison des Enfants

Est-ce un risque? Cela dépend de nos attentes et de nos critères de réussite. Si on attend d’un enfant qu’il sache vivre dans le moment présent, entreprendre des projets personnels, apprendre à se connaître soi-même et interagir avec le reste du monde en pleine confiance, alors l’école conventionnelle est extrêmement risquée.

Pourquoi n’accueillir des enfants qu’à partir de 5 ans ?

Nous souhaitons permettre que la culture démocratique de l’école s’installe au mieux dès l’ouverture de l’école. Ceci implique un soutien renforcé de l’équipe pour mettre en place cette culture avec les élèves qui y seront les plus sensibles, les plus grands. Nous pensons qu’aux vus du développement du cerveau des enfants, des ressources en personnel devraient être dégagées en plus pour accompagner au mieux des enfants plus jeunes (respect de leur rythme et de leurs besoins physiologiques qui nécessitent plus d’accompagnement). Nous ne pouvons pas mettre ces ressources à disposition au démarrage de l’école, d’où notre choix de ne pas accueillir d’enfant de moins de 5 ans.
Il se peut néanmoins qu’au départ certains membres aient moins de 5 ans soit car ils ont été accepté avant l’instauration de la limite d’âge, de par l’historique de l’association, ou soit afin de permettre le bon fonctionnement de l’école, en tant qu’enfant de facilitateur.

Une fois la culture démocratique de l’école installée, l’école pourra se repositionner sur l’accueil des moins de 5 ans.

Y a t-il une dimension spirituelle/religieuse dans l’école ?

L’Atelier des possible est une école laïque et non affiliée à une religion. Chacun est libre de vivre sa religion et d’échanger sur le sujet. Nous avons une charte de la laïcité que chacun se doit de respecter.

Y a t il des endroits calmes pour travailler dans le silence ?

Plusieurs salles dans l’école seront des salles calmes ou silencieuses. Nous avons imaginé la disposition des salles à l’intérieur de sorte que ce soit propice à la tranquillité.

Une école démocratique doit-elle répondre à certains critères pour se déclarer “démocratique” ?

Il n’y a pas de label “école démocratique” en France ni dans le monde. Ceci dit, on dit généralement qu’une école est démocratique si les élèves sont libres de choisir leur activité et peuvent participer, au moins en partie, à la gestion de l’école, notamment à l’élaboration des règles. Les écoles dites d’inspiration “Sudbury” donnent accès aux membres à toute la gestion de l’école (budget, personnel, ….). Des écoles du type “Summerhill” gardent une partie de la gestion _comme le personnel et le budget global_ hors de portée des membres, et proposent une série de cours formels optionnels choisis par l’équipe pédagogique. Notre école s’inspire pour sa gestion des écoles de type “sudbury”, avec quelques éléments empruntés aux écoles AGILES dans ce qui est de la communication interne, et aux organisations libérées dans ce qui est de la gestion des décisions. L’association ayant un coeur porté par une direction collégiale, certains aspects budgétaires liés à l’association sont traités hors école dans le cercle de l’association. Le lien entre le cercle école et le cercle associatif restant très fort.

Et si jamais mon enfant décide de ne pas passer de diplôme… ?

Il revient aux parents de se poser la question : êtes-vous prêts à faire confiance à votre enfant pour prendre ses responsabilités sur sa propre vie, ou faut-il le forcer à se préparer au Bac même s’il faut en venir à la carotte et au bâton ? Notre prise de position est claire : nous faisons confiance au jeune pour impulser et persévérer dans la formation dont il a besoin pour être qui il souhaite être.

Pour une majorité des jeunes des écoles démocratiques, cela passe par le Bac et le suivi d’une formation universitaire. Le livre the lives of Subdbury alumni (2005) est un sondage de ce que sont devenus les centaines d’anciens de Sudbury-Valley. Parmi eux, 80% finissent par aller à l’université, et obtiennent habituellement leur premier choix. Il y a aussi quelques originalités, comme un créateur d’une société d’informatique qui s’est consacré uniquement à la pêche jusqu’à ses 15 ans, un professeur de mathématiques qui n’a pas suivi de leçons de maths jusqu’à son entrée à l’université, et plus récemment Laura Poitras et son Oscar décerné pour Citizenfour, le documentaire sur Snowden.

Les enfants vont-ils apprendre à lire, écrire et compter si rien ne les y oblige ?

Un enfant apprend à marcher et parler sans contrainte, programme ou méthode spécifique. Tout être humain a besoin de parler pour interagir avec son environnement, et dans notre environnement actuel (la France au XXIème siècle), il en est de même pour lire, écrire et compter, compétences qui sont appelées fondamentales pour une bonne raison : on ne peut pas vivre sans. Dans les écoles démocratiques, tous les enfants sans exception apprennent à lire, écrire et compter sans recevoir d’enseignement formel de la part d’un pédagogue diplômé.

Si les enfants sont à la source de leurs idées d’apprentissage, comment peuvent-ils savoir ce qui existe et apprendre ?

Les enfants ont actuellement une profusion de sources d’informations, et sont naturellement curieux de tout. Ils en savent parfois plus que nous même, parents et grands parents. C’est dans les échanges avec les autres membres de l’école, l’accès aux ressources de l’école (livres, internet, sorties, intervenants extérieurs, membres de l’école…) qu’ils découvriront de nouvelles sources d’intérêt.

Les enfants peuvent-ils faire une période d’essai en arrivant dans l’école ?

Toute inscription à l’école comprend une période d’essai de deux semaines, renouvelable deux fois, à l’issue de laquelle l’enfant, ses parents et le cercle d’admission font un point pour valider l’admission de l’élève dans l’école. L’enfant ou la famille peut cesser la période d’essai à tout moment. De même, le cercle d’admission peut demander de faire un point avec la famille sans attendre la fin de la période d’essai.

Est ce que l’école est accessible en transport en commun / en covoiturage ?

Un système de covoiturage organisé par les familles est mis en place.

L’école est accessible via la gare de Voiron puis le bus 2 ou 4 qui va à Coublevie (2min de l’école). L’arrêt du Transisère Express 1 est à 10min à pied. Le transisère venant de Chambéry s’arrête également proche de l’école.

Quel est le temps que chaque famille doit fournir en bénévolat ? (sachant que nous travaillons à temps plein)

Il n’y a pas de temps imposé pour chaque famille. L’association repose sur la libre participation de ses membres aux activités, selon ses possibilités. Si un membre peut donner du temps régulièrement (comme les facilitateurs bénévoles), d’autres pourront le faire de façon ponctuelle sur des évènements, et d’autres encore soutiendront financièrement ou en communiquant le plus possible sur l’association.

Ceci dit, nous privilégions le rapport humain et la co-éducation. Ainsi toutes les personnes qui ont l’envie de partager des compétences ou connaissances avec les membres de l’école pourront faire part de leur souhait. Les parents peuvent aussi s’impliquer dans les temps avant et après école, pour l’organisation de garde ou de covoiturage, ou encore dans la gestion des activités du tiers lieu.

L’apprentissage autonome peut-il rimer avec l’obtention du bac avec mention ?

L’objectif de l’Atelier des Possibles n’est pas de préparer les jeunes au Bac, et si telle est l’attente des parents, il vaut mieux choisir une autre école. Les élèves décideront d’entreprendre une préparation au Bac s’ils jugent que cela est utile pour leur projet professionnel. Le Bac n’est plus une fatalité aujourd’hui, lorsque l’on sait que des structures récemment ouvertes ne le requièrent pas comme pré-requis (comme l’école 42, avec 40% d’élèves n’ayant pas la Bac), que le travail salarié est de plus en plus fragilisé en comparaison du travail indépendant, et que les entreprises s’intéressent de moins en moins aux diplômes. Elles considèrent de plus en plus l’expérience, le réseau et les compétences d’un candidat comme primordiales.

Par ailleurs, les statistiques tirées des 2 millions de “home-schoolers” aux Etats-Unis prouvent que l’autonomie apporte de meilleurs résultats scolaires (86/100 vs. 50/100 en moyenne) et de plus grandes chances de succès à l’université, en plus de mieux développer les compétences nécessaires à la vie adulte (voir les détails sur www.home-scool.com). En effet, un jeune responsable de sa propre instruction travaille à son propre rythme, donc le plus efficacement possible, et il apprend mieux à se prendre en main et à apprendre, donc à être plus responsable et efficace dans la poursuite de ses objectifs.

Comment seront gérés la violence et les conflits ?

Le règlement de l’école ne permet pas l’utilisation de la violence dans les rapports entre les membres. Comme tout manque de respect au règlement, le membre qui fait preuve de violence peut être appelé à s’expliquer via les instance de régulation de l’école : mini cercle restauratif sur l’instant, cercle de médiation quotidien, voire face au conseil d’école si la stabilité de l’école est en péril. Un membre qui ne peut pas (ou choisi de ne pas) respecter le règlement de l’école, est encouragé à se saisir des instances (cercle de médiation, écoute, conseil d’école) pour demander par exemple à modifier un point du règlement. Sinon, il ne pourra pas rester dans le collectif de l’école. La volonté du membre de faire partie du collectif est essentiel pour qu’il puisse garder sa qualité de membre. Un processus d’accompagnement des membres en souffrance ou confrontés de façon systématique à un manquement au règlement ou dans des conflits, est mis en place dans l’école. L’école s’appuie aussi sur la CNV pour mettre des mots sur les situations compliquées, et pourra suggérer aux familles des professionnels pour accompagner ceux qui en ont besoin.

Est ce que les congés scolaires sont calqués sur ceux de l’Education Nationale ?

L’école est ouverte du lundi au vendredi toute l’année et ferme 1 semaine à Noël et 2 semaines en août. Les membres peuvent prendre les 13 autres semaines (11 complètes et 2 fractionnables) de vacances quand ils le souhaitent, en les annonçant au début de chaque trimestre. Nous avons choisi ce mode de fonctionnement pour permettre aux membres d’adapter leurs temps de vacances à leurs projets personnels, de pouvoir aussi pour certains être davantage présent sur l’été où l’activité cérébrale est plus propice qu’en hivers, et à d’autres de pouvoir partir en vacances en décalé ou en même temps que leur fratries.

Quelles sont les conditions de pérennité financière de l’école ?

Le budget de l’école repose essentiellement sur les frais de scolarité qui ont été estimés pour qu’en moyenne un élève participe à hauteur de 2400 euros par an. Ces frais dépendant des revenus, nous avons fait le pari que des familles de tout type de revenus s’inscriront à l’école. Le budget est complété par des actions ponctuelles de l’association au cours de l’année, comme l’organisation d’événements. Nous pourrons salarier à terme jusqu’à 3 personnes lorsque l’école sera complète.

Est ce qu’il est prévu une séléction des enfants en fonction de leur parcours ou besoins ?

Nous acceptons tous les enfants sans sélection sur leur passé et en essayant de ne pas prêter attention aux étiquettes que le système aurait pu leur porter. Nous nous appuyons sur le processus d’admission, et notamment sur la période d’essai pour vérifier que l’enfant n’est pas un danger pour lui même ou pour le collectif, et qu’il pourra être suffisamment autonome (communication sur ses besoins) pour vivre pleinement l’expérience de l’école démocratique.

L’école montessori de grenoble ferme entre autres, parce que le directeur a accueilli trop d’enfants en difficulté, sans avoir les ressources pour les accompagner. Y a t il une sélection pour éviter que vous soyez dépassés par des enfants, un accompagnement particulier ?

Est-il possible de revenir à l’éducation classique pour passer un diplôme ?

Oui. Si une personne le souhaite elle peut retourner dans le système classique à n’importe quel moment de sa scolarité. L’Atelier des Possibles peut fournir un résumé de la progression de l’élève par rapport à l’acquisition du socle de compétences. Certaines classes ou établissements demandent que l’enfant passe un examen d’entrée auquel cas, si tel est le projet du membre, il pourra être accompagné dans la mise en place d’un programme de mise à niveau, selon le process qui lui correspond le mieux.

Que dois-je faire pour devenir facilitateur.trice ?

Pour devenir facilitateur.trice à l’Atelier des Possibles, il faut en premier lieu devenir membre actif de l’association, puis suivre le processus d’inclusion des facilitateurs à l’issue duquel le Conseil d’École prendra une décision. Ce processus inclut des formations internes et externes afin de s’assurer que le futur facilitateur maîtrise le fonctionnement de l’école, mais aussi la posture de facilitateur et tout ce qui concerne les outils de l’école comme la CNV ou ceux qui émanent des organisations libérées (consentement, sollicitation d’avis, …).

Quel budget est prévu pour les intervenants extérieurs et les sorties ?

Cela dépend de la thématique et pourra évoluer au démarrage de l’école avec l’expérience. Il y a entre 200 et 600 euros de budget alloué mensuellement à ce fonctionnement.

Que comprennent les frais de scolarité ? Faut-il prévoir des frais en plus ?

Les frais de scolarité permettent de prendre en charge les dépenses courantes de fonctionnement liées aux locaux (location et charges), au personnel (salariés, remboursement bénévoles, intervenants extérieurs), dépenses pédagogiques et sorties.

Les repas ne sont pas prévus dans ce budget.

Les membres qui souhaiteront organiser des projets dont les dépenses ne seraient pas absorbables par le budget de l’école devront faire preuve de créativité pour générer des sous, ce qui passera par l’organisation d’évènements ou la vente de produits qui pourront compléter le budget. Les parents pourront choisir de participer ou non à ces appels ponctuels.

Comment apprennent-ils à faire face à une vie pleine de difficultés et de contraintes après avoir vécu libres aussi longtemps ?

Si vous pensez qu’un enfant libre ne rencontre aucune difficulté, c’est que vous n’avez pas encore rencontré un enfant libre. Rappelez-vous de votre passage à la vie d’adulte, de votre sortie du cadre scolaire : un jeune en première année de fac est-il outillé pour faire face à un élargissement soudain de ses libertés? La recherche de la vie qu’on veut mener et de son orientation professionnelle est-elle facile et sans embûche ? Non, au contraire. La soudaine responsabilité de soi a quelque chose de vertigineux, et l’expérience des écoles démocratiques démontre les bénéfices de mettre les jeunes en situation de prendre leur vie en main dès le plus jeune âge.

La vie est déjà pleine de défis, nul besoin de créer des obstacles artificiels, surtout si ces difficultés n’ont rien à voir avec ceux de la vie réelle : qui dans le monde, à part un enfant, est contraint de s’asseoir derrière un pupitre en silence de 9h à 17h, pour obéir à des instructions consistant principalement à ingurgiter des informations par lesquelles on se sent peu concerné? A l’Atelier des Possibles, au cours de leurs projets, les jeunes seront confrontés à des défis concrets, des situations qui nécessiteront une grande persévérance, des échecs et des conflits, et des décisions parfois lourdes de conséquences pour eux-mêmes et leur groupe. Aussi, entre deux situations difficiles, pourquoi ne pas tout simplement être heureux et profiter d’une vie formidable, telle qu’elle devrait l’être pour tous ?

Autres réponses

  • En vidéo fait par l’association Les Semeurs d’École ici
  • un document travaillé par l’ecole de Tours ici
  • La FAQ de l’école démocratique de Paris ici

Questions pratiques :

Sujets pratiques relevant des horaires, jours ou fonctionnement des repas sont abordés sur la page des admissions